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Déficit : la France file droit dans le mur de la dette, même avec l’aide une très forte croissance
jeudi 17 juin 2021, par
Il est urgent d’attendre. Les taux d’intérêts vont rester bas, voire avantageux pour les Etats surendettés, encore quelques mois. Mais le vent tourne, et dès le second semestre 2022, les taux sont attendus en hausse. La FED a confirmé vouloir augmenter ses taux dès 2023. Comment la France va-t-elle gérer sa dette abyssale, plombée par cette crise sanitaire et la distribution d’aides financières tous azimuts ? La Cour des comptes a publié le 15 juin 2021 un rapport sur la stratégie de finances publiques pour la sortie de crise du Covid.
Une dette française relativement indolore, pour le moment
La crise sanitaire n’a pas épargné les finances publiques. Après 9,2 % de PIB en 2020, le déficit public devrait atteindre 9,4 % en 2021. La dette publique devrait, elle, bondir à 117 % de PIB en 2021, soit quelque 20 points de plus qu’en 2019. Le « quoi qu’il en coûte  » était à ce prix . Mais la Cour des comptes estime qu’une stratégie de consolidation doit être mise en place à partir de 2023 pour redresser la barre.
(c) Cour des Comptes
Si les taux d’intérêts de marché remontent sensiblement, ils restent encore à des niveaux favorables. Un retour sur des niveaux de taux de 1.5% à 2% feraient exploser le budget de la France.
La Cour des comptes passe en revue les différents scénarios
Face à l’incertitude, plusieurs scénarios se dessinent. Tous néanmoins s’accordent sur une forte dégradation des comptes publics à long terme en l’absence de réformes. L’on ressort forcément les bonnes vieilles recettes du monde d’avant. En pariant sur une croissance du pays, cela devrait permettre de réduire le trou béant du déficit. Soit. Ce scénario d’une croissance forte et durable peut laisser sourire, mais toujours est-il que c’est probablement ce qui sera vendu aux Français afin de clore le débat sur la gestion de la dette. La Cour des Comptes se montre plus rationnelle et a étudié différentes forces de la reprise. De la reprise molle, à une reprise plus forte. En passant tous les détails chiffrés, dans tous les cas, même le plus favorable, le pays n’échappera pas à une réduction des déficits. La position est intenable. Réduire ses dépenses et/ou augmenter ses recettes. Cette dernière possibilité est déjà moins sympathique, et pourtant certains autres pays l’ont choisi, comme étant la seule alternative possible.
(c) Cour des Comptes
En chiffres, quel que soit le niveau d’optimisme du scénario, le poids de la dette dans le PIB augmenterait tout au long de la décennie. Dans le scénario le plus pessimiste, il dépasserait les 135 % du PIB en 2030. Dans le scénario moyen, il atteindrait 130 % du PIB. Aussi, selon la Cour des comptes, cela est la preuve que « le seul retour de la croissance de l’économie française ne permettrait pas d’infléchir durablement la trajectoire de dette  ».
Ces choix de gestion de la dette seront effectués évidemment après l’élection présidentielle de 2022. Il est, comme souvent en France, urgent d’attendre.